Les colliers électriques déconseillés par les vétérinaires éthologues européens
La littérature scientifique ne démontre pas l’intérêt de l’utilisation des colliers électriques par rapport aux autres méthodes pour l’éducation du chien, au contraire.
La Société européenne d’éthologie clinique vétérinaire (European Society of Veterinary Clinical Ethology, ESVCE) a en effet pris position contre leur recours, et publie une revue de la littérature, listant les arguments « pour » et « contre » ces colliers, et les données scientifiques ou connaissances les étayant, dans le numéro en cours de la revue Journal of Veterinary Behavior, Clinical Applications and Research (Mai-Juin 2018). Ces appareils sont généralement utilisés par les propriétaires de chiens pour éviter les fugues ou les aboiements intempestifs (selon un fonctionnement automatique), ou pour « dresser » l’animal (déclenchement manuel).
L’article est rédigé par 8 vétérinaires comportementalistes ou universitaires de pays différents, Sylvia Masson en France (titulaire du Diplôme universitaire de psychiatrie vétérinaire et praticienne en Isère) comme premier auteur. Le résumé en anglais est disponible ici.
Les nombreux défauts ne compensent pas les quelques intérêts
En résumé, ces colliers génèrent stress et douleur chez l’animal, aboutissant éventuellement à un état d’anxiété, le développement d’une phobie, l’apparition d’un comportement agressif (réaction d’échappement). Leur usage apparaît peu éthique. Une utilisation inappropriée est également décrite, lorsque le propriétaire inexpérimenté déclenche une sanction trop tardive suivant le comportement indésirable de son chien par exemple, ou s’il l’actionne de manière abusive (par frustration ou colère devant le « mauvais comportement » de son chien). Des lésions cutanées locales (sous le collier) peuvent également survenir.
En contrepartie, les défenseurs de ces colliers avancent surtout des résultats efficaces et rapides. Mais selon l’état des connaissances, ces allégations ne trouvent pas de soutien scientifique. D’autres mesures moins agressives, notamment comportementales, ou basées sur la récompense plutôt que la punition, obtiennent des résultats au moins équivalents. La possibilité de réguler l’intensité de la décharge apparaît plutôt difficile à gérer, voire contre-productive (risque d’habituation si le choc est trop faible, d’intense réponse émotionnelle interférant avec l’apprentissage s’il est trop fort). L’avantage du faible coût n’est pas retenu, car il est à mettre en perspective de celui associé aux conséquences délétères sur le bien-être du chien et sa relation avec son maître.
Une opposition ferme
Les auteurs constatent ainsi l’absence de preuve scientifique soutenant l’efficacité des colliers électriques, y compris comme méthode de dernier recours lorsque d’autres ont échoué. Ils avancent au contraire leur inadaptation à traiter la cause du problème de comportement du chien, augmentant le risque de le masquer, de le voir s’aggraver ou s’exprimer autrement. Ils ajoutent que l’effet des colliers à spray est possiblement équivalent à celui des colliers électriques en termes de stress et de frayeur pour le chien.
La conclusion de leur analyse est donc sans équivoque : une ferme opposition à l’usage des colliers électriques chez le chien. Et ils espèrent leur totale interdiction en Europe.
Des colliers bannis dans quelques pays
L’usage des colliers électriques est déjà controversé, était-il rappelé en introduction de la publication. En janvier 2018, l’Écosse a décidé de l’interdire sur son territoire. Elle rejoint ainsi les quelques pays d’Europe, notamment scandinaves, qui le proscrivent ou l’encadrent (Suède, Finlande, Norvège, Danemark, mais aussi Allemagne, Autriche, Slovénie). Ces colliers sont autorisés en France.
Les membres de l’ESVCE invitent désormais tous les pays européens à statuer.