Télémédecine vétérinaire : l’académie rend son avis
La télémédecine vétérinaire est une pratique médicale vétérinaire à distance.
L’académie vétérinaire de France, que d’aucuns pourrait croire traditionnelle, fait preuve au contraire d’une grande modernité, en constant entre autres que la révolution numérique s’introduit en force dans la société et dans notre vie privée et professionnelle, que la télémédecine humaine (encore appelée télémédecine clinique) est une pratique médicale autant que technologique réglementée et présente dans la littérature scientifique, que dans le domaine vétérinaire la santé numérique concerne à la fois la médecine et le bien-être des animaux, que la télémédecine vétérinaire est pratiquée en France et dans le monde mais qu’elle manque, à ce jour, de publications scientifiques et n’est pas organisée ou encadrée en Europe, à l’exception de certains domaines de la télé-expertise, alors qu’elle est utilisée de façon libre et sans consensus.
Aussi elle recommande, dans son avis du 9 novembre 2017 rendu à l’unanimité, que soit établie une base commune de fonctionnement de la télémédecine vétérinaire en définissant ses domaines (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale, téléassistance médicale et réponse apportée dans le cadre de la régulation médicale), que soit réaffirmé que la télémédecine vétérinaire est une forme de médecine constituée d’actes vétérinaires, qui doit respecter l’intégralité du contrat de soins, y compris en informant le propriétaire ou le gardien juridique de l’animal que le (les) acte(s) effectué(s) relève(nt) de la
télémédecine, et en donnant la priorité à l’éthique professionnelle.
Elle recommande par ailleurs que la profession s’organise, en intégrant la télémédecine à l’enseignement vétérinaire, en confiant aux organisations professionnelles vétérinaires la rédaction de recommandations techniques pour le bon usage de la télémédecine vétérinaire, en exigeant que la télémédecine réponde aux mêmes exigences que celles appliquées à toute médecine de prouver son efficacité scientifiquement, notamment en faisant l’objet de recherches précises, en permettant aux vétérinaires d’avoir accès aux données de la santé numérique et particulièrement celles associées au suivi permanent des élevages, en incitant la profession vétérinaire à développer les algorithmes de traitement de ces données, en créant un observatoire de la télémédecine vétérinaire.
Voici quelques exemples de pratiques vétérinaires dans le monde utilisant la télémédecine :
- Au Texas, le Cross Timbers Veterinary Hospital à Bowie est en train de développer une offre de télémédecine afin d’améliorer leur pratique vétérinaire rurale dans cet État. Deux pratiques principales sont développées en parallèle. Pour les fermiers et agriculteurs, il est possible de contacter directement l’hôpital par téléphone ou conversation vidéo afin d’évaluer la situation avant le déplacement d’une équipe. Si l’hôpital a besoin d’une expertise supplémentaire, il contacte des services vétérinaires de Dallas, qui peuvent recevoir des images radiologiques, ou des ECG par exemple.
- En Belgique, la société Acapulco, a mis en place une activité de télé-expertise payante au service des vétérinaires pour les aider à la prise en charge de leur patients.
- Au Québec, l’ordre des médecins vétérinaires a mis en place un groupe de travail afin de déterminer avec plus de précisions ce que pouvait recouper la pratique de la télémédecine vétérinaire.
- Enfin, en France, une plateforme de télémédecine conçue pour les vétérinaires a vu le jour en 2013. Cette plateforme appelée Wizzvet a été développée par une vétérinaire lorraine, Dorine Olejnik. Wizzvet invite les vétérinaires généralistes à bénéficier de conseils de spécialistes pour des cas cliniques complexes.
Ainsi, la télé-expertise semble être l’activité de télémédecine vétérinaire la plus pratiquée, notamment entre vétérinaires généralistes et vétérinaires spécialistes, et entre zones rurales et zones urbaines.