image_pdfimage_print

Aujourd’hui, l’intelligence artificielle (IA) s’invite dans nos pratiques vétérinaires, offrant des outils prometteurs pour améliorer nos diagnostics et nous permettre de travailler plus efficacement. Mais toutes les solutions d’IA ne se valent pas ! Derrière les interfaces intuitives et les belles promesses technologiques se cachent des enjeux cruciaux pour notre profession, notamment en matière de respect du secret professionnel, de conformité au RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) et même d’indépendance technologique vis-à-vis d’acteurs internationaux.

Alors, vétérinaires, posons-nous une question essentielle : savons-nous vraiment à qui nous confions nos données, ainsi que celles de nos patients et clients ?

L’écart entre modèles généralistes et modèles propriétaires souverains

Parce que c’est rapide à faire et peu coûteux, certains outils d’aide au diagnostic utilisant l’IA proposés aujourd’hui aux vétérinaires à grand renfort de campagne marketing, ne sont en réalité que des agents construit sur des Large Language Models (LLMs) généralistes des entreprises de la Big Tech (souvent non-européennes). Ces modèles, bien qu’impressionnants au premier abord, ne sont pas spécifiquement conçus pour les besoins des vétérinaires, mais plutôt pour des usages généralistes basés sur de gigantesques bases de données multi-domaines.

En face, des solutions misent sur des modèles propriétaires souverains, construits en Europe. Leur particularité ? Proposer des outils entraînés spécifiquement pour les cas vétérinaires que nous rencontrons au quotidien, tout en respectant scrupuleusement les obligations légales européennes. Ces solutions permettent non seulement d’offrir un outil taillé pour nos besoins professionnels, mais elles prennent aussi en compte des enjeux éthiques et réglementaires cruciaux.

1️⃣ Le risque autour de la confidentialité et du secret professionnel

L’un des piliers de notre profession est le respect du secret professionnel. Lorsqu’un vétérinaire utilise un outil basé sur des modèles généralistes non-européens, les données transmises (historique clinique, résultats de tests, symptômes, etc.) peuvent être stockées, traitées ou exploitées dans des pays tiers. Cela soulève deux types de risques majeurs :

  • Une violation potentielle du secret professionnel, ce qui peut altérer la relation de confiance entre le vétérinaire et son client.
  • Un manque de contrôle sur les usages effectués des données en retour. Certaines entreprises peuvent exploiter ces informations pour améliorer leur IA ou pour d’autres finalités commerciales, sans que vous en soyez informé.

Avec des solutions souveraines, ces risques sont considérablement réduits puisqu’elles respectent strictement les lois européennes relatives à la confidentialité (RGPD) et offrent des garanties claires sur la localisation et l’utilisation des données.

2️⃣ Conformité RGPD : Pas de compromis !

Depuis 2018, le RGPD impose des règles très strictes sur la collecte, l’utilisation et le stockage des données personnelles (celles des propriétaires d’animaux, mais aussi toute donnée indirectement identifiable). Or, avec des outils non-conformes ou basés en dehors de l’Union européenne, vous prenez le risque de transférer des données hors des frontières européennes, parfois dans des juridictions au cadre légal moins protecteur.

Cela pourrait exposer votre clinique à des sanctions financières (qui peuvent aller jusqu’à 4 % de votre chiffre d’affaires annuel) et affecter votre réputation professionnelle. Une vigilance accrue est donc nécessaire dans le choix des outils d’IA que vous utilisez.

3️⃣ Le piège de l’entraînement des modèles étrangers

Un autre enjeu moins visible, mais tout aussi important, réside dans l’entraînement des modèles. Lorsque vous utilisez un outil basé sur un modèle généraliste non-européen, vous contribuez indirectement à l’amélioration de l’algorithme par le biais des données que vous fournissez. Ce mécanisme, parfois désigné sous le terme de « data feedback loop », profite in fine au modèle… mais aussi à l’entreprise qui le commercialise.

En d’autres termes, en partageant vos cas cliniques ou vos diagnostics, vous aidez potentiellement un acteur étranger (en dehors du cadre réglementaire européen) à développer un meilleur outil qui sera ensuite vendu à d’autres vétérinaires – sans que vous n’en obteniez de contrepartie.

À l’inverse, en optant pour une solution souveraine européenne, vous participez au développement et à l’amélioration d’un modèle conçu pour vous, par des experts locaux, augmentant les performances d’un outil qui reste aligné sur vos besoins éthiques et professionnels.

Le choix de l’IA : une question de responsabilité

Le recours à l’intelligence artificielle est une avancée fantastique pour notre métier de vétérinaire, mais il doit s’accompagner d’une réflexion éthique et stratégique. Voici quelques questions à vous poser avant de choisir un outil d’aide au diagnostic :

  • Cet outil est-il réellement entraîné pour répondre aux besoins spécifiques de la médecine vétérinaire, ou est-il dérivé d’un modèle généraliste ?
  • Vers quels serveurs mes données sont-elles transférées, et sont-elles stockées en Europe ?
  • Le fournisseur de l’outil respecte-t-il strictement le RGPD et les obligations liées au secret professionnel ?
  • En aidant un modèle non-souverain à progresser, ne suis-je pas en train de créer une dépendance à des technologies étrangères ?

En conclusion : pour une IA au service de la profession, pas l’inverse

Il est possible d’exploiter la puissance de l’IA tout en respectant nos besoins en matière de confidentialité, de déontologie et de souveraineté. En tant que vétérinaire, vous avez la responsabilité d’utiliser des solutions conformes et éthiques, qui respectent les valeurs de notre profession. Choisir une IA souveraine, c’est protéger votre pratique, vos clients et les données sensibles que vous traitez, tout en soutenant un écosystème technologique européen.

Et vous, êtes-vous sûr de l’IA que vous utilisez dans votre clinique ? Si vous avez des doutes ou souhaitez en savoir plus, contactez-moi. Ensemble, nous pouvons faire progresser la profession sans compromettre nos valeurs.

image_pdfimage_print