Les organisations membres du Comité européen de coordination de la formation vétérinaire (CVECV), représentant les universités, les vétérinaires et les spécialistes vétérinaires, ont organisé un séminaire commun les 13 et 14 mai 2019 pour explorer les possibilités offertes par l’utilisation des outils numériques disponibles.
Un séminaire avec des discussion animées
L’événement a eu lieu à Bruxelles et a rassemblé une cinquantaine de participants venus d’Europe et d’ailleurs, universitaires, prestataires de formation, organes statutaires, associations professionnelles de vétérinaires et accréditation d’organismes éducatifs. Des discussions animées ont eu lieu sur l’impact que les technologies numériques pourraient avoir sur la profession vétérinaire, le cabinet vétérinaire et la société.
L’intelligence artificielle (IA), les mégadonnées et l’apprentissage de l’ordinateur ont été parmi les éléments qui ont suscité l’échange de points de vue sur les défis et les opportunités que ces nouveaux outils apportent aux vétérinaires.
Ils constatent que :
- La façon dont les vétérinaires communiquent avec leurs clients évolue
- Le téléphone mobile est une source immédiate d’informations
- Les grandes entreprises technologiques entrent de manière dynamique dans les domaines de la santé et de la médecine vétérinaire en investissant de plus en plus dans ces secteurs, en développant et en fournissant de telles solutions numériques à tous
- Le mode de communication et d’interaction entre les vétérinaires et leurs clients tend à minimiser les contacts personnels et à utiliser de plus en plus de solutions numériques ou de médias sociaux
- L’évaluation en ligne des services de santé et des services vétérinaires par le biais des médias sociaux ou d’autres plates-formes est aujourd’hui un fait. La majorité des clients / patients utilisent les avis en ligne pour choisir un fournisseur de soins de santé, et sont disposés à dépenser plus d’argent quand ces commentaires sont favorables
- Les logiciels de gestion des cabinets offrent aux vétérinaires des possibilités d’amélioration de la commercialisation et facilitent l’accès aux services vétérinaires, par exemple. via une réservation en ligne facile de rendez-vous, un diagnostic à distance, des rappels sur les traitements, etc.
- L’intelligence artificielle est déjà utilisée à des fins de diagnostic par les médecins et les vétérinaires, par ex. via des dispositifs portables, pour détecter la fibrillation auriculaire, diagnostiquer les tumeurs cérébrales, prévoir le changement de traitement pour le cancer, etc., mais les professionnels de la santé ne comprennent pas parfaitement son fonctionnement
- Un processus de déshumanisation des pratiques médicales et vétérinaires est déjà en marche. Il est important que les médecins et les vétérinaires soient formés pour évaluer l’intelligence artificielle afin de garantir que les résultats fournis par les machines sont fiables. Par conséquent, les professionnels de la santé doivent comprendre le fonctionnement d’une machine et d’algorithmes afin d’assurer un diagnostic correct
- L’intelligence artificielle apporte une aide au diagnostic pour les professionnels de la santé, les vétérinaires et les médecins doivent se préoccuper davantage d’autres aspects de leur pratique, tels que la communication, la défense de la santé, la gestion de données volumineuses, la recherche, la collaboration, etc.
- L’intelligence artificielle offre aux praticiens la possibilité d’être disponibles auprès de leurs clients 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ; on s’attend à ce que les praticiens utilisant de meilleures technologies numériques soient ceux qui connaîtront le plus de succès à l’avenir
- Les praticiens doivent faire confiance aux machines et apprendre à les utiliser, et non à leur faire concurrence
- Il manque un cadre législatif pour la certification de l’intelligence artificielle, tel que les équipements portables, les transplantations ou d’autres outils numériques, permettant de déterminer quels dispositifs peuvent être utilisés en toute sécurité sur les animaux et comment ils doivent être utilisés
- On s’attend à une réorganisation du rôle de la profession dans cette nouvelle ère numérique. Une lacune dans les directives juridiques et éthiques est actuellement présente et devrait le rester pendant quelques années
- La question n’est plus de savoir si mais quand la révolution de la simulation numérique se produira dans l’éducation à la santé
- Les ordinateurs donnent des résultats basés sur les informations reçues. Par conséquent, l’enseignement des prochaines générations de vétérinaires devrait mettre l’accent sur la pensée critique et l’évaluation critique de l’information. Les enseignants devraient passer d’enseignants experts à enseignants facilitateurs
- L’accent est désormais mis sur l’équipe plutôt que sur une seule profession, l’éducation et la recherche doivent s’adapter pour faciliter la formation interdisciplinaire et promouvoir la création d’une équipe vétérinaire pour l’avenir
- L’assurance qualité externe de l’éducation numérique est importante et devrait particulièrement porter sur la qualité de l’expérience des élèves, et pas seulement sur leur satisfaction
- L’accréditation est actuellement le moyen le plus sûr d’obtenir des services d’éducation de haut niveau, mais dans la pratique, elle ne favorise pas l’innovation dans l’enseignement
- L’élaboration de normes communes pour l’évaluation de l’enseignement et de la formation numériques devrait inclure des principes génériques pouvant être opérationnels et adaptés à différents contextes
- Les règlements à tous les niveaux devraient être élaborés de manière à être adaptés à leurs objectifs
Le Comité européen de coordination de la formation vétérinaire (CVECV) appelle tous les acteurs impliqués dans l’enseignement et la formation vétérinaires à travailler ensemble pour préparer la profession vétérinaire à cette nouvelle ère numérique.
Un consensus sur la nécessité d’être proactifs
EAEVE, EBVS et FVE reconnaissent que la profession devrait assumer de manière proactive la responsabilité d’examiner les questions liées à la certification de l’intelligence artificielle en garantissant leur fiabilité, à la propriété et à l’utilisation du big data, ainsi qu’à la responsabilité professionnelle.
La CCEVT considère en particulier que :
- Il pourrait être nécessaire d’adapter le référentiel de compétence des vétérinaires diplômés à l’avenir afin d’y inclure une compréhension minimale du fonctionnement de l’IA et de ces technologies numériques
- Les futurs programmes devraient mettre davantage l’accent sur les compétences générales des vétérinaires et sur le développement de la pensée critique ;
- L’éducation interdisciplinaire devrait être encouragée pour faciliter le travail en équipe
- Le cadre d’évaluation de l’éducation numérique doit être intégré dans le système européen d’évaluation de la formation vétérinaire